13.1.11
Le mage (Silvaine Arabo)
*
Louvoyeur des hauts-fonds et des empires encastrés, il bat
les cartes pour de nouvelles mises en scène : des lavis
superbes, des fresques sur les murs des temples.
Il psalmodie sans savoir, en toute intime Connaissance. Il
évide l'intérieur de la pierre pour en faire un calice.
Il a mille doigts, dix oreilles, quatre pieds : il est l'hybride
sacré adossé aux murs du Palais près duquel il mendie :
veilleur de guet dans la nuit
héraut d'armes.
Il a le secret du chapeau et de ses colombes : du tracé de sa
plume, du modelage de ses doigts, elles prennent forme et
consistance. Il est le dispensateur de la substance.
Il court le long des veines du temps, hermaphrodite,
hémophile. On le rencontre sur le bord des fleuves, au
centre des forêts, au bout des déserts, dans les replis de la
neige, sur la crête des vagues.
Il est le décupleur des énergies, l'hématie bleue parmi
de rouges nénuphars. Il s'échappe du labyrinthe par le haut.
La verticale est son lieu. Il pourchasse la Présence.
Cavalier du verbe, de la pierre, de la nuance - c'est selon -,
il irrigue les chants de l'histoire, les rend à leur vocation
d'archétypes. Il est le Scribe : celui qui trace les lettres
pour en faire des oiseaux.
Il est l'illuminé, le fou, le sage, la carte de Tarot avec
laquelle on ne transige pas. Il est sphère, bâton, deniers, le
premier, l'ultime voyageur, l'inspirateur des cycles, le
moteur des univers.
S'il arrive que sa voi(e)x se brise, des temples s'écroulent,
des hommes abandonnent le sens et s'entretuent.
Il sait qu'il a su, qu'il saura. Il fait confiance.
Il démêle les fils de la Trame, écrit le poème du monde,
surseoit à toute mort , implore tout pardon pour les vivants,
sacre le printemps et sa chaîne d'ozones.
Il passe, inaperçu dans le milieu des villes meurtrières. Il
est sans âge, sans lieu. Il est le fil qui lie tous les destins,
l'Ariane providentielle.
S'il arrive que l'on décrète sa mort, de silencieuses
malédictions s'abattent sur le monde , le cours des choses
bifurque : de minuscules lunules, des croûtes, des plaies,
des pestilences , des taches sur le soleil : l'heure des
lamentations.
Alors le Grand Esprit convoque un autre mage
tel qu'en Soi-Même identique
qui de nouveau se poste aux embouchures
cassant l'enlisement des bancs de sable
draguant les eaux putréfiées des marais
frayant la route aux estuaires et aux deltas :
A tout ce qui se jette dans la mer
la mer
La Mer !
Silvaine Arabo
*
Louvoyeur des hauts-fonds et des empires encastrés, il bat
les cartes pour de nouvelles mises en scène : des lavis
superbes, des fresques sur les murs des temples.
Il psalmodie sans savoir, en toute intime Connaissance. Il
évide l'intérieur de la pierre pour en faire un calice.
Il a mille doigts, dix oreilles, quatre pieds : il est l'hybride
sacré adossé aux murs du Palais près duquel il mendie :
veilleur de guet dans la nuit
héraut d'armes.
Il a le secret du chapeau et de ses colombes : du tracé de sa
plume, du modelage de ses doigts, elles prennent forme et
consistance. Il est le dispensateur de la substance.
Il court le long des veines du temps, hermaphrodite,
hémophile. On le rencontre sur le bord des fleuves, au
centre des forêts, au bout des déserts, dans les replis de la
neige, sur la crête des vagues.
Il est le décupleur des énergies, l'hématie bleue parmi
de rouges nénuphars. Il s'échappe du labyrinthe par le haut.
La verticale est son lieu. Il pourchasse la Présence.
Cavalier du verbe, de la pierre, de la nuance - c'est selon -,
il irrigue les chants de l'histoire, les rend à leur vocation
d'archétypes. Il est le Scribe : celui qui trace les lettres
pour en faire des oiseaux.
Il est l'illuminé, le fou, le sage, la carte de Tarot avec
laquelle on ne transige pas. Il est sphère, bâton, deniers, le
premier, l'ultime voyageur, l'inspirateur des cycles, le
moteur des univers.
S'il arrive que sa voi(e)x se brise, des temples s'écroulent,
des hommes abandonnent le sens et s'entretuent.
Il sait qu'il a su, qu'il saura. Il fait confiance.
Il démêle les fils de la Trame, écrit le poème du monde,
surseoit à toute mort , implore tout pardon pour les vivants,
sacre le printemps et sa chaîne d'ozones.
Il passe, inaperçu dans le milieu des villes meurtrières. Il
est sans âge, sans lieu. Il est le fil qui lie tous les destins,
l'Ariane providentielle.
S'il arrive que l'on décrète sa mort, de silencieuses
malédictions s'abattent sur le monde , le cours des choses
bifurque : de minuscules lunules, des croûtes, des plaies,
des pestilences , des taches sur le soleil : l'heure des
lamentations.
Alors le Grand Esprit convoque un autre mage
tel qu'en Soi-Même identique
qui de nouveau se poste aux embouchures
cassant l'enlisement des bancs de sable
draguant les eaux putréfiées des marais
frayant la route aux estuaires et aux deltas :
A tout ce qui se jette dans la mer
la mer
La Mer !
Silvaine Arabo
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