Embrasement

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"Si la pratique de l'alchimie revient à philosopher avec le feu,l'expérience poétique mène à ressentir,parler et vivre par le feu" Jean-Luc Maxence





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10.11.10

Trou noir (notes)

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Un jour j'avais vingt cinq ans un homme m'a dit
Phénoménal
Je mesure l'ennui qui nous sépare


Comme le repos du guerrier
J'écris sur le charnier

Ma voilure n'est plus
Comme le désir d'être lu

Marie colombine des années
Le temps s'essouffle avant d'être né

Van Gogh frère des frères
Comme lui rien à faire

Les enfants jouent dehors
Les enfants s'enrhument alors

Il ne reste plus rien qui vaille
Dans ce monde clos

Le chant des oiseaux s'éteint
Il court dans les près des lapins

J'aime l'animal étonné
J'aime le chien du berger

Je veux racommoder la flamme
Reste les choses objets inanimés

Objets avez-vous une âme
Le silence est bienheureux

Nous voulons la paix
Il nous faudrait sourire

Mais le sourire est las
Et je reste sans

Don Quichotte à l'assaut des moulins à vent
Ne se souvient de rien

Je suis un vieux poète fatigué
J'attend le silence bienheureux

Le cri le sang et les larmes
Tel est le monde en arme

Il nous faut aimer la pierre
La terre le ciel et le vent


Il se peut
Que la pierre scintille


Marie des années pleines
Je te vois vêtue de laine
Quel âge as-tu
Comme moi tu n'as pas d'âge
Tu sommeilles au bord d'une plage
Dévêtue
Je t'aime par dessus la voix des hommes
Je t'aime pour les années bonnes

Je t'aime parce que je t'aime
Et la vie en fait un problème


Il me faudrait peindre
L'édifiante beauté
Tout est beau rien n'est à feindre
Ni à quitter


Des mots sans arrogance
Des mots fluides libellule
Des mots d'une certaine engeance
Qui pénètrent vos bulles


Le temps qui fuit nous encercle
Chaque seconde est une éternité

Le bruit des cloches
Chacun cherche sa place
Et confie sa mémoire aux ordinateurs

Nous sommes tous perdus sur la terre
Heureux celui qui ne le sait pas
L'humanité silencieuse qui erre
Qui sommeille ou marche au pas


Le télèphone sonne
Et les voitures passent
Je m'appelle personne
Et j'ai la voix lasse


Ainsi vous allez dans le fluide de vos rêves
Méfiez-vous
Ne penser plus c'est peut être la solution
Ne plus penser et laisser les choses se faire comme
Elles se font

J'avais quatre ans cinq peut être je jouais au
Foot-ball


Le chant du signe dans son berceau
Tu étais belle comme un oiseau


Une défloraison du coeur
Le royaume des animaux
Le pèse-batterie
Déviation


Evitez l'art d'écrire
C'est une illusion d'optique
Les cataclysmes vous le diront
Rien n'est à saisir
L'affaire est à régler à vos frais

Pour en revenir à l'illusion
Je dis que la boulimie
Est une chose étonnante voire frappante
Pour qui est dans le besoin
Restons en à nos propres folies digestives

Le n'importe quoi reste tangible
Mais gare au courcircuit qui vous attend tous et toutes

Ta fleur bleue ne valait pas l'imaginaire d'un poète fou
Que le meilleur perde et tout seras dit
Il suffit de plonger dans l'abime du trou
Que diable interdisons l'entrée aux piétons
Et n'en parlons plus

J'avais la joie vivante d'écrire
Ce jeu merveilleux entre images et enfance
Tout est là dans ces lignes gravées
A la sueur du cerveau
Tout est bancal et finit sa course au quartier de misère

L'architecture de ceci ne valant pas celle-la
Nous recommandons aux patients d'être patients
Je le dis sans détours
Il nous faudras bien un jour ou même deux voire quatre
Ce travail n'est pas à l'ordre du jour
Il faudra se coucher tard

Je vous rassure tout de suite
Il se peut que la guérison s'en tienne à ce qui est dit
Toute cette pluie qui tombait contrastait fort
Avec l'appétit de l'alchimiste final
Tout est dit
Je ne dis vrai que par inspiration
Où en suis-je
Je n'en sais rien


Comment vous parler
La manière y est
La seule chose à dire


Je te dirais l'examination
La complexité du parloir
Je ne le dirais plus
Les yeux bohêmes
Nous y voilà


Au jour terminal
Je serais dernier
Les yeux coagulés
Prêt à crier
Sans mots dire


Le parcours lointain
La haine féroce
Le béton armé
Plus toute une série d'illuminations
Sans grand rapport avec le reste
Je vais bien merci
J'attends des nouvelles


Qu'il est dur de vivre
Comme un enchaînement de sirènes
Ma voix s'alarme
J'ai peur du froid

Je coagule des idées noires
Et retrouve mes mots
Sans compter l'urgence
Qui me fait déraper


Le déchaînement
N'est pas assez rapide
Je bricole de faux tatouages
Je rédige en secret
Un lourd héritage
Poète maudit
Je ne donne ni ne partage


Je te le dis je m' en sortirais
Par le moyen le plus sur
Marie je t'aime de loin
Très très loin
Il me faut reprendre goût à l'écriture
Ecrire pour ne pas mourir
Ecrire écrire et encore écrire
Ma vue se brouille
J'écris comme je bafouille

J'écrirais des romans photos
Des albums de famille
N'importe quoi
Je cherche la sortie

L'écriture me sauve la vie
J'égosille des chants d'amour
Je veux vivre
Ni plus haut ni plus bas
Je veux vivre
A mon propre rythme

Il me faut réapprendre
J'aime le papier noirçi
Reléguer l'urgence à son point d'oubli
En finir avec ces tremblements


Jouir sans havre
Passer de l'inaperçu à l'inédit
Je le répète écrire écrire écrire
Des mots clefs
Des mots de tous les jours
A ma sauce
Si j'ose et j'oserai
Bientôt
Je propose des mots dorés


Les mots qui résonnent
S'approchent dans ma tête


J'écris pour la faiblesse du roseau
J'écris pour freiner le temps
J'écris au nom des temps anciens
Du bord de l'eau
Je lance mon poème au grè des flots
Qu'il se promène alors
Par delà monts et merveilles
J'écris tout simplement


S'encanailler du temps qui passe
Allègrement
Profiter de l'instant
Et goûter au bonheur

Fabriquer et prendre son temps
Telle est l'urgence

Qu'on me laisse palper l'essentiel

Seul dans la nuit d'octobre
J'écoute mon coeur sobre
Dans le défilé des ratures
Je reste patient
Comme l'oiseau immobile
J'immobilise l'instant
Instantanément

Restent de vieilles ordures à recycler

Par le trou noir des pensées
J'irai à cheval ou à pied

Mon tableau de bord déconne
J'agonise au pied de l'ordinateur


Ce matin bonnes nouvelles
J'essaye de me sortir du néant
L'instant reste dur
La douleur aussi

La douceur de ton ventre...





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