Embrasement

*





"Si la pratique de l'alchimie revient à philosopher avec le feu,l'expérience poétique mène à ressentir,parler et vivre par le feu" Jean-Luc Maxence





*

10.11.10

Paris-banlieue banlieue-Paris

*




Il me souvient ces petits matins livides
Où l'hallucination du désespoir me tenait lieu
De chaleur

Je vérouille aujourd'hui mes rêves d'enfant
Dans les banques révolutionnaires de mon silence
Je me terre et me tais dans cette apparente absence
Je ne suis qu'un fennec royal qui attend

Dans les bas fonds des couloirs r.e.r
Traînent les cadavres de rêves morts nés
O les pauvres hères trafiquent comme ils peuvent
Une morne vie sans avenir ni passé
Et passent et trépassent
Et se fondent au tréfonds du flot alternatif
De l'oubli

Ici tout est mort
Et tous ces corps ne déplacent
Que le pâle artifice
Des tristes prétentions

Sous les soleils factices
De l'âge informatique
Les coeurs froids ont redécouvert
L'âge de pierre

Dans le matin eden la mer appelle par son hublot
Pulsion de mort dans le décor
Rage et feu pour les rêves

Vois le pouvoir dissèque nos amours en intérim
Auto-surveillance programmée et discrétion en prime
Pouvoir aux délégations caméras et anonymes
Les francs tireurs sans cibles s'auto-assassinent

Tous les loups sans proies au pied des barres
Se font les crocs sur leur ennui
Je te dis que même le soleil broie du noir
A voir le ciel fumer du gris

O musiques perforées des boîtes automatiques
Enfants pasteurisés des amères discothèques
Dans vos prothèses de corps plastiques
Les chevaux des disc-jockeys sont d'un vinyl sans crinière

Un martiniquais sur le quai se demande si il existe
Tu sais ici on est tous un peu dérangés
Comment veux-tu être raciste
Alors que nous sommes tous des étrangers

La banlieue c'est le non lieu de notre procès

Vois ce lit cerné de réveils
Vois ce train sur ses rails fusionnelles
Qui t'embarde pour nulle part

Tu cherches la marée du repos
Et c'est cette folie maquerelle
Qui vient t'arracher les ailes et la peau

Tu avais mis la mer dans le centre commercial
Mais cette salope s'est fait la malle
Par la première autoroute venue

Tu avais mis ton âme au frais au rayon des soldes
Mais au premier chant de cigale
C'est la mer qui la prise en stop

Où sont tes bagages
Tu t'égares et fais des voyages assis
Dans la béatitude glauque des buffets de gare
Tu es de passage

La fierté des solitaires est sans limite
Les soirs de lumière où la peine est cuite
C'est le reflet de ton éternité que tu astiques

Vois ce désespoir urbain qui racole l'électricité des menacés
Vois ce gros frère patient qui vérole ses idées molles
Vois cette folie sans teint qui s'alcoole dans les regards

Vois les enfants perdus dans les dédales d'ordinateurs
Le soir de vos peurs reflétées dans leurs yeux chagrins
O les amants ont l'âme triste et le coeur fragile

La solitude il s'agit de l'apprivoiser
Viens petite solitude solaire je te raconterai l'histoire
Des parallèles amoureuses

Ta solitude tu la retrouves à minuit
Quand la fumée de ta cigarette envoie
Des messages à ses indiens

Autant de mots qui partent en fumée
Ton imaginaire fout le camp devant une télè allumée

Je suis ce pauvre type céleste
Qui cherche parmi les décombres
Des morceaux de sa légende

Ma carte d'identité ne me dit rien d'éternel
Et les yeux de mon enfance ont mis des lunettes noires

Et puis voilà toi tu ne t'y vois pas tu dors
Je vois tes rêves défiler devant mes yeux hallucinés
Si tu savais ce que je vois

Mais la tristesse revient toujours
Comme une marée en mal d'amour
Berçant ses oiseaux mazoutés

Vois cette déraison lacrymogène
Qui coule sous le pli des années
Tu plies doucement sous l'anathème
De cette fatigue sous cutanée

Vois ce désarroi soudain qui t'assoit
A l'ombre d'un chêne rescapé
Tu visionnes le clip de ta vie

Je n'aurais jamais assez de mots
Pour expliquer et qu'importe la blessure
Il est des souvenirs qu'ont voudrait oublier
Tu ne sauras jamais l'absence que je vois briller
Dans le marc des saisons passées

O Dieu pardonne ces mensonges vrais
Les voleurs de lune ont d'obscures manières
J'ai volé la lune avant hier
Pour éclairer ma voyance éventée

Tu teins toujours debout en dépit de tout
C'est miracle et témoignage
Mais sous les soleils factices fais gaffe
A la dame parano qui t'attend au coin de l'écran

Vois ces nouveaux cons
Allant fringuer leur frime
Chez le dernier gigolo du coin

Vous avez le style du toc parfait
Et l'illusoire voyeur vous fait
Limpides et plastiqués

Vous avez l'allure de demis dieux conquérants
Qui ne conquièrent qu'un vide enivrant
Oscillé de pulsations chimiques

Vous avez l'esthétique glacée d'une morgue d'ordinateur
Qui vous tient lieu de conscience
Vous ordonnez votre ordre sans coeur
Comme pour mieux en cacher l'absence

Jouissez pantins narcissiques
Sous les caméras du décor
Admirez votre beauté clinique
Et ne pensez jamais à la mort

Mon frère d'aurore
Par dessus les robinets de l'ennui qui gouttent
Par delà l'étrange dégoût des matins sans nom
Dans les rides de ton corps qui s'arc-boute
Essaie encore

Dans les allées des supermarchés de la pensée
Remets-t-en à la musique des mots et n'adhère jamais

Oui je sais le conseil semble facile
Mais si tu ne veux pas lire entre les mots
Va faire la queue à la devanture de rades plus sympathiques

Et toi petite soeur marguerite existes-tu vraiment
Dans les restaurants grecs de la rue de la huchette
Je te cherche aveuglément

Tous nos mots écorchés se soignent comme ils peuvent
Parmi les flacons de baume de nuit
Ne pleure pas je t'en supplie

Ce monde gicle sa fureur ensanglantée
Vois notre royaume éclaboussé

Combien de temps encore
A mélanger nos gachées d'amour

Et qu'allons -nous faire
De ces containers de haine
Qu'ils nous ont légués

J'ai déjà les combinaisons pour tout inverser.





*

Aucun commentaire: